Behavioural finance investor profile behavioural biases

In recent decades, two key concepts in finance have emerged: behavioural finance and the creation of investor profiles. As these two concepts are linked to investor psychology, we wanted to confirm that there was a link between the two. In the end, the link does exist, but it is not a direct one, because to understand it you have to look at the characteristics of each profile.

I. Introduction

Ces dernières décennies, de nombreuses crises financières ont vu le jour dans le paysage financier et ont eu de lourdes conséquences tant sur les ménages que sur les entreprises.

Comme conséquence à ces crises, un nouveau courant de pensée est apparu en finance : La finance comportementale. Ce courant est alors venu compléter le paradigme dominant de la théorie néoclassique en y ajoutant une dimension davantage psychologique. En effet, les auteurs ont découvert que le cerveau humain comportait deux modes de pensée : Le système 1 étant le mode intuitif et le système 2 requérant davantage d’analyse. Ils ont surtout découvert que le système 1 menait à des biais comportementaux. Ceux-ci correspondent à des déviances apparaissant dans le cerveau humain lorsque l’investisseur tente de prendre une décision, l’empêchant d’être rationnel. (D. Kahneman, 2012).

Une autre conséquence a été le renforcement des directives en matière d’investissement avec notamment, la création des directives MiFID. Ces directives complexes proposent notamment de créer des profils d’investisseurs pour chaque personne souhaitant investir en tenant compte d’éléments tels que l’appétence au risque, l’horizon d’investissement, l’expérience en bourse et de nombreux autres aspects davantage psychologiques. (Quintésens, 2023).

Comme il a été vu, les deux éléments précédents sont liés à la psychologie des investisseurs. Il a donc semblé intéressant de se poser la question suivante : « L’élaboration des profils d’investisseurs pourrait-elle permettre d’anticiper les biais comportementaux ? ». Ou en d’autres termes : « Existe-t-il un lien entre profils d’investisseurs et biais comportementaux ? ».

II. Données

Pour répondre à cette question de recherche, une approche qualitative a été adoptée. En effet, le but de ce mémoire était de comprendre le ressenti des investisseurs afin de pouvoir identifier le plus de liens possibles entre les différents éléments abordés.

C’est la raison pour laquelle 6 entretiens semi-directifs1 ont été réalisés, chacun étant décomposé en deux parties :

  • La première partie de l’entretien a pour objectif de comprendre le ressenti et l’expérience de l’investisseur en bourse. Il était donc utile de directement discuter avec celui-ci ;
  • La deuxième partie a pour objectif d’identifier les biais comportementaux auquel l’investisseur est sensible. Pour cela des mises en situation ont été réalisées. L’objectif était donc de capter la réaction de l’investisseur en direct.

Ce sont donc les données issues de ces entretiens qui ont été utilisées dans le cadre de cette recherche.

III. Méthodologie

Comme vu dans la partie précédente, une approche qualitative et plus précisément des entretiens semi-directifs ont été utilisés afin d’extraire les données.

Pour chaque répondant, une analyse individuelle a été réalisée avant de pouvoir passer aux résultats généraux qui seront présentés dans la partie suivante.

06 BFWD 2024 7 Fig 1 CW

Dans ce type de schéma dit « de ressenti », deux types de flèches sont utilisées :

  • Des flèches vertes : elles représentent les liens positifs et peuvent être lues « permet », « conduit », etc ;
  • Des flèches rouges : elles représentent les liens négatifs et peuvent être lues « empêche », « décourage », etc.

Pour comprendre le principe général, il est utile de voir dans cette partie, un des « chemins » présent : L’investisseur a peu d’argent (il estime avoir peu d’argent) et cela le conduit à être averse au risque car il a peur de perdre tout cet argent. Mais l’aversion au risque le pousse également à déléguer la gestion de son portefeuille car il trouve cela plus sûr de la déléguer à un professionnel. Mais cette délégation va également le décourager à chercher de l’information car cela ne lui semble par utile. Et finalement, ce manque de recherche d’information conduit à 4 biais comportementaux.

Une fois les 6 schémas individuels réalisés, il a été possible de les combiner afin d’obtenir les résultats globaux présentés ci-après.

IV. Résultats

Suite à la combinaison des 6 graphiques individuels, un schéma global a été obtenu :

06 BFWD 2024 7 Fig 2 CW

Ce schéma suit la même logique que le précédent mis à part que les cases ont été regroupées par catégories via des cadres de couleur et que celles contenant des biais comportementaux ont été surlignées en jaune.

Même si ce graphique est intérressant dans sa totalité, il est ici nécessaire de se concentrer sur les deux éléments clés au sein de la question de recherche initiale.

1. Le liens entre les profils d’investisseurs et les caractéristiques

Au sein de chaque graphique individuel, un profil a été identifié mais également des caractéristiques sortantes. Au sein de cette recherche est sous-entendue « caractéristique sortante », une caractéristique menant directement à un biais comportemental.

06 BFWD 2024 7 Fig 3 CW

Au sein de ce tableau, un autre code couleur a été utilisé :

  • En rouge, les profils davantage passifs ;
  • En bleu, les profils davantage actifs.

Il est donc intérressant de voir que les profils davantage passifs (les traditionnels et les suiveurs, n’ayant pas eu de répondant pour le profil « dormant ») sont tous caractérisés par les deux mêmes éléments : l’aversion au risque et le manque de recherche d’information.

Le même phénomène est également observé pour les profils davantage actifs (joueurs et experts) mais dans ce cas, les deux caractéristiques qui apparaissent sont la confiance et l’horizon de placement élevé.

2. Le lien entre les caractéristiques et les biais comportementaux

Une analyse similaire a également été menée pour examiner le lien entre les caractéristiques et les biais comportementaux.

Les mêmes résultats ont alors été observés : il est observé une grande similarité entre les biais des profils traditionnels et suiveurs (catégorie passive) mais aussi une similarité d’autant plus grande entre ceux des profils joueurs et suiveurs (catégorie active).

V. Conclusion

Sur la base des résultats observés, il est possible de dire qu’un lien existe sûrement entre profils d’investisseurs et biais comportementaux. Cependant, ce lien ne s’établit pas de manière directe étant donné qu’il est nécessaire de passer par des caractéristiques sortantes.

Le terme « sûrement » est ici utilisé car pour pouvoir affirmer ce lien, il pourrait s’avérer nécessaire de poursuivre ces recherches de manière qualitative (via la poursuite des entretiens) mais aussi de manière quantitative en utilisant par exemple de nouvelles variables (sexe, âge, etc.).

Même si ce travail nécessite des recherches additionnelles, il pourrait représenter une bonne opportunité pour le secteur. En effet, si il est possible d’établir un lien entre profils et biais, il pourrait être possible de mettre en place des outils et des formations pour désensibiliser les investisseurs aux biais caractéristiques de leur profil.

1) Méthode d'étude qualitative ayant pour but de récolter des informations qui apportent des explications ou des éléments de preuves à un travail de recherche.

Auteurs

06 BFWD 2024 7 Camille Wallemacq

Camille Wallemacq

Master student UMons